La Dépêche – 19/02/2017

Nérac – Éric Canovas, une passion musicale jubilatoire

Publié le 19/02/2017 à 03:53

Le portrait de dimanche 

 

 

 

 

 

 

 

 

Répétition du chœur d’hommes de l’Albret sous la baguette de Eric Canovas./Photo, Guillaume Bears.

Depuis une dizaine d’années, Eric Canovas est le chef du chœur d’hommes du Pays d’ Albret. Une passion entretenue depuis son passage au sein des Petits Chanteurs d’Andiran.

Ses yeux s’illuminent quand il parle de sa passion. Elle n’a pas pris une ride. À 57 ans, Eric Canovas est aussi imprégné qu’à son plus jeune âge. «Cela a démarré lorsque j’étais gamin», explique le Mézinais «mon père chantait tout le temps». Puis, Eric croise la route d’un personnage d’exception qui va être à l’origine de cette belle carrière. «Un homme qui va tout m’apprendre», précise-t-il. Le jeune garçon – alors à peine âgé de neuf ans – rejoint l’équipe des Petits Chanteurs d’Andiran dirigé par l’Abbé De Smedt. «Cette période a été un enrichissement personnel aux côtés de cette personnalité exceptionnelle», raconte-t-il. Les souvenirs sont inoubliables. Les sorties pour les concerts restent à jamais gravées. «On partait à une quarantaine de chanteurs, parfois plus», poursuit le chef de chœur.

Les voyages forment la jeunesse. En tout cas pour Eric Canovas, ils ancrent à jamais cette passion du chant. «Nous avons fait des tournées où nous nous sommes produits en Allemagne, aux Pays-Bas ou en Belgique». Malgré les trois répétitions par semaine, il vit sa passion à fond. «J’adorais ça. Cela m’a apporté une ouverture d’esprit. L’abbé nous a responsabilisés. Nous avons été sociabilisés grâce aux Petits Chanteurs», avoue-t-il.

Il pousse «la chansonnette»

La vie se poursuit. Les études sont là. Il est hors de question de tout laisser tomber. «J’ai commencé après quinze ans à jouer de la guitare. Je suis parti dans la vie socio-éducative», place le Mézinais. Avec sa gratte, il pousse «la chansonnette». Brassens, Brel, Ferré & Cie – tous les grands noms de la chanson française», avoue-t-il – sont dans son répertoire. Eric Canovas, à ce moment-là, vie sa vie. «De temps en temps, je vais voir l’abbé».

Puis, une date va donner une autre impulsion à sa carrière artistique. Il raconte : «Pour les quarante ans des Petits Chanteurs, l’abbé nous a réunis. On s’est retrouvé plusieurs générations – de 1958 à aujourd’hui – pour cet événement. Et de là, nous avons décidé de récréer un chœur d’hommes avec l’abbé». Ce groupe s’ouvre à d’autres chanteurs «pas tous passés par ceux d’Andiran». «Cela a créé une dynamique très enrichissante», poursuit-il. En 2007, l’abbé lui demande de prendre la suite. Le début de sa carrière de chef de chœur. Eric reconnaît «que cela s’est fait naturellement».

Aujourd’hui, une trentaine…

Aujourd’hui, le chœur d’hommes du Pays d’Albret poursuit sa route. Ils sont une trentaine à venir du Lot-et-Garonne mais aussi du Gers ou des Landes. Un amalgame entre plusieurs générations. À l’image de Yann, à peine 26 ans, ou de Jacky, 90 printemps au compteur. Ils réalisent près d’une quarantaine de concerts chaque année. «On a décidé de réduire un peu la voilure. Ce n’est pas toujours facile de regrouper tout le monde», reconnaît Eric. En attendant, les choristes se retrouvent tous les lundis soir au théâtre de Mézin pour leurs répétitions. «Ils sont très assidus depuis toujours. On travaille par pupitre», explique le chef de chœur. Les ténors, les barytons ou les basses.

Une programmation éclectique

Après l’échauffement vocal, ils travaillent les morceaux. «Il faut tenir compte de l’équipe. Comme en rugby, on fait en fonction des joueurs que l’on a. Je tiens compte des voix que j’ai. Je les connais tous. Ils sont fidèles et peu grognards de temps en temps. Ils répondent toujours positivement à tout, c’est un chœur d’hommes sympa», raconte-t-il avec un grand sourire. Quand il envoie une note, il faut la reproduire. «Il faut avoir l’oreille. C’est indispensable chez nous. Mon but est de faire plaisir aux choristes mais aussi au public. C’est une alchimie précieuse à créer», explique le Mézinais.

Pour cette raison, il tient à mettre en place une programmation éclectique. Du Sacré, du lyrique, des chansons basques, italiennes ou commémoratives (comme le chant des Partisans ou la Marseillaise).

Une passion dont il ne peut se passer. «C’est une drogue. C’est toujours un plaisir de se retrouver. Ça ne sature jamais. Il y a comme une énergie à chaque fois même si nous ne sommes plus très jeunes», reconnait-il volontiers «il y a une communion grâce à la musique. C’est jubilatoire».

Et le chef de chœur ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. «Tant qu’il y a du plaisir, je continue…». Avec la volonté d’écumer encore plus le territoire. En concluant «on ne s’appelle pas le chœur d’hommes du pays d’Albret pour rien».

La Dépêche du Midi

 

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